Les Fleurs du Mal et la santé morale du peuple

Dès sa publication (25 juin 1857), le recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire est attaqué et suscite l’indignation d’un journaliste du Figaro, Gustave Bourdin, qui écrit un article assassin (5 juillet 1857), dénonçant l’immoralité du livre. Le Ministère de la Justice s’alerte et l'œuvre est saisie le 17 juillet suivant. Une audience est fixée pour le 20 août, au cours de laquelle Baudelaire et ses éditeurs (Poulet-Malassis et De Broise) sont condamnés pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Outre une amende de 300 francs pour l’auteur et de 100 francs pour chacun des éditeurs, le poète est obligé de supprimer six pièces de son recueil, contenant « des passages ou expressions obscènes ou immorales » : « Les bijoux », « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Lesbos », « Femmes damnées » et « Les métamorphoses du vampire ». L'annulation complète de la condamnation des Fleurs du Mal et la réhabilitation de la mémoire de l'auteur et de son œuvre, en raison des libertés à accorder à l'artiste, ont lieu le 31 mai 1949, à Paris, par la chambre criminelle de la Cour de cassation.